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Comment et avec qui créer son MVP en No-Code ?

Article écrit par Emma Cypel, CEO de Bravaa et Lauréate French Tech Tremplin Saison 3 (2023-2024).

Vous avez envie de lancer un produit tech en no-code ?

C’est exactement le défi que j’ai relevé en tant que jeune entrepreneuse.

Même si j’avais acquis des compétences sur le tas — de l’étude de marché à l’acquisition des utilisateurs —, je savais que pour lancer un MVP solide, il me fallait des pros.Étant solo-entrepreneuse, il m’était impossible de tout gérer, et surtout, je ne voulais pas coder moi-même. Non seulement parce que je n’avais pas les compétences poussées, mais surtout parce que je devais me concentrer sur d’autres tâches stratégiques.

J'avais donc absolument besoin de financement pour réaliser ce MVP, alors je me suis préparée pour le concours French Tech Tremplin, qui sélectionne une centaine de profils chaque année sur dossier, puis lors d’un pitch devant un jury.J’étais désormais lauréate et grâce à cette bourse d’un montant non négligeable, j'allais enfin pouvoir avancer… mais pas dans la sérénité la plus totale, comme vous allez le découvrir !

C’est ce parcours semé d’embûches que je vais vous détailler ici, avec des conseils concrets pour que vous puissiez avancer plus sereinement dans la création de votre MVP sans tomber dans les mêmes pièges que moi.

💎 Mon expérience précédente

Avant de me lancer dans cette aventure, j’avais déjà tenté de développer un projet tech l’année d’avant. À l’époque, j'avais choisi de faire appel à un développeur offshore parce que j’y connaissais rien et que les agences web à qui je parlais (que ce soit des agence ‘tradi’ ou des nouvelles agences no-code) me proposaient toutes des budgets exorbitants.

Je parle bien anglais, mais les problèmes de communication étaient quand même fréquents malgré la gentillesse et la bonne volonté du dev que j’avais choisi.Le fait qu’il travaillait seul rendait les choses encore plus compliquées. Au final, je me suis dit que la prochaine fois, il vaudrait mieux travailler avec une agence où chaque membre a sa spécialité : les développeurs d’un côté, les designers UX/UI et les chefs de projet de l’autre.

📌 En tout en un an et demi j’ai presque tout essayé : les freelances offshore, une agence web française et des freelances français.Chacune de ces expériences m'a appris des choses précieuses, mais aussi quelques leçons difficiles.

Les Signaux d'Alerte

J’avais donc enfin choisi l’agence qui allait développer mon MVP et je pensais que j’allais pouvoir me concentrer sur d’autres tâches. Il m’avaient proposé un prix qui entrait exactement dans mon budget (mais en mode Régie… dont on parlera plus bas).Le plan était de passer par une phase de cadrage, de faire les maquettes puis passer à la phase de dev.Au premier abord l’équipe avait l’air sympa, mais l'un des premiers signes d'alerte est venu de la designer de l'agence.Je me suis vite rendu compte que sa façon de travailler n’était pas correcte : phrases totalement déplacées, insistance pour faire selon sa vision, pas à l’écoute, pression…Mais je me suis dit qu’au pire après avoir terminé le travail avec elle, ça se passerait mieux avec le reste de l’équipe. Aujourd’hui je pense que ce n’est pas du tout l’approche à avoir.Si une agence garde un membre qui ne respecte pas les normes professionnelles de base, c’est un très mauvais signe car c’est évident qu’ils connaissent son comportement.Par la suite il s’est avéré que l’ensemble de l’équipe (du patron à la développeuse) ont été très pénibles pendant les longs mois de notre collaboration, à la limite de l’arnaque.Le projet a été livré bien plus tard que prévu avec un budget qui avait explosé (presque le double de ce qui était prévu initialement) mais l’agence s’était légalement protégée.

De cette expérience, j’ai retenu quelques leçons clés que je vais vous partager ici :

🚩 Redflags généraux

🔔 Comportement et culture d'équipe
  • Membres problématiques dans l’équipe : Si un membre se distingue par son attitude non professionnelle (propos déplacés, refus de collaboration, manque d'écoute), posez-vous des questions. Pourquoi l’agence accepte-t-elle un tel comportement ? Cela en dit long sur la culture de l’entreprise. J’ai pensé que ça passerait après, mais finalement c’était un mauvais présage : toute l’équipe fonctionnait comme ça.
  • Freelances qui disent "oui" à tout : Attention à ceux qui acceptent toutes vos demandes sans poser de questions, notamment des devs offshore. Ça peut être un signe qu'ils sont pressés de signer mais qu’ils ne comprennent pas vraiment votre projet. À long terme, ça pose problème.
🔔 Gestion du projet et des délais
  • Un cadrage très rapide : Beaucoup d’agences web bâclent la phase de cadrage alors qu’elle est primordiale. L’agence que j’avais choisie proposait un cadrage en à peine 2 heures. Ensuite il fallait directement passer au dev, on ne pouvait même pas corriger ou changer des choses. 2 heures, c’est très peu pour parfaitement comprendre un projet ! Du coup, on a du revenir plus tard sur des choses et donc perdre beaucoup de temps et de l’argent. Autant payer pour un cadrage plus long, voire demander à avoir quelques jours de réflexion entre le cadrage et le début du dev ou encore mieux fractionner le cadrage en 2 étapes pour que vous ayez eu le temps de refléchir sur certains points. Le cadrage c’est presque le plus important. C’est là que vous avez besoin d’aide et d’un retour de professionnels.
  • Demandez une estimation de temps : Les pros doivent être capables de vous donner une idée du temps nécessaire pour chaque tâche, même approximative. Par exemple, un dev sérieux devrait pouvoir vous dire qu'une tâche simple prend 15 minutes et non pas une heure ou une journée complète.
  • Demander une date de livraison (même approximative !) : si les freelances ou l’agence que vous choisissez ne s’engagent pas du tout sur une date c’est très mauvaise signe. Rien ne les empêchera de livrer dans 6 mois ou 1 an si ils n’ont aucune obligation légale.
  • Retards sans explication : Si les délais s’étendent sans raison claire, c'est souvent un signe d’incompétence ou que l’équipe se moque des besoins de ses clients.Dans mon cas, des mois de retard se sont accumulés, et l’agence s’en est sortie grâce à ses conditions légales. Soyez vigilant(e) et exigez des explications concrètes.
  • Augmentations de prix avant de signer : Si l’agence ou le dev augmente le tarif au dernier moment, c’est qu’ils essayent sûrement de vous manipuler.Plusieurs developpeurs offshore différents m’avait donné un prix à l’heure très clair quand je leur avait demandé par message. Au moment de signer le devis je vois que le prix est 30% plus cher. A chaque fois ils m’ont répondu qu’ils s’étaient trompé, qu’en fait leur prix était différent. On avait déjà eu plusieurs RDVs. Ils savent très bien que les clients n’ont pas que ça à faire d’expliquer leur projet à 36 devs différents.Pareil avec l’agence : au moment de signer ils ont augmenté la facture de plusieurs milliers d’euros !! Ils ont prétendus que les changement que je voulais faire prendrait énormément de temps, alors que c’etait des changements mineurs (confirmés par d’autres devs par la suite). Ça faisait 2 mois qu’on était en contact, il fallait que je me bouge pour des raisons de Time-to-market et ils le savaient, ils m’ont donc mis la pression pour accepter ce nouveau prix.
🔔 Fiabilité et protection financière
  • 🚩🚩 Tarifs trop bas : Si une offre semble trop belle pour être vraie, c’est probablement le cas ! Par exemple, un dev qui propose des tarifs très en dessous du marché pourrait sacrifier la qualité pour le prix ou n’avoir aucune expérience.J’ai été confronté (sur Malt) à un développeur français qui prétendait sortir d’HEC, être dev Full-stack avec 5 ans d’expérience reconverti au No-code et ne coûter que 200€ par jour… Avec ce niveau de qualifications, il n’y a aucune raison pour ne pas facturer des tarifs plus haut.
  • 🚩🚩 Virement bancaire direct dès le début : Si un freelance sur Fiverr ou Malt vous propose de passer par un virement bancaire dès la première mission pour éviter la plateforme, méfiez-vous. Utiliser la plateforme vous protège si le travail n’est pas fait correctement.
  • Vérifiez les avis et la réputation : Les agences racontent toutes qu’elles font des dizaines de projets par an, au final certaines n’ont que quelques commentaires éparses et très anciens (notamment sur Google Maps). Sur Fiverr, parfois il y a 10 commentaires mais tous de la même personne… Enfin, certaines agences ont carrément de très mauvais commentaires, là c’est un redflag total, surtout si il y en a plusieurs.
  • Vérifiez les références : Certaines agences ou devs prétendent avoir de super portfolio, quand on clique sur leurs références on peut avoir de belles surprises en terme de design et d’expérience utilisateur.
  • 🚩🚩🚩 Évitez le mode régie à tout prix ! Travaillez absolument au forfait, que ce soit avec des freelances ou une agence. Sur le mode Régie, le dev ou l’agence ne s’engage littéralement à rien. Il peut dire qu’il fera le job en 1 journée, si finalement c’est le double tant pis pour vous. En mode forfait, le dev/agence a au moins une obligation de résultat. Il est obligé de vous livrer ce que vous avez commandé. Travailler en régie fera très probablement exploser vos factures.Évitez à tout prix les agences qui refusent de travailler au forfait.
🔔 Promesses marketing douteuses
  • 🚩 Promesses de levée de fonds : Certaines agences promettent des introductions à des investisseurs si vous développez votre produit chez elles (deux agences me l’ont fait miroiter). Franchement, si ça c’est pas du vent ! Ce n’est pas en passant par eux que vous allez trouver des fonds, et même si ils vous présentaient vraiment à des investisseurs privés ce serait dommage car au début d’un projet on cherche généralement à ne pas tout de suite se diluer. Ils ne sont pas du tout spécialistes de la question ! Ce que vous cherchez chez une agence ce sont ses compétences techniques.
  • 🚩 Les No-codeurs "seniors" : Le No-code est arrivé en France vers 2018, et il est rare de trouver des experts avec plus de 2-3 ans d’expérience. Pourtant, beaucoup s’autoproclament "seniors". J’ai rencontré un patron d’agence web “à impact” qui m’a avoué s’occuper principalement du service commercial de sa boîte car il n’avait pas assez de compétences en No-code. Je cherche des profils sur Malt et tombe par hasard sur le sien : 800€ la journée pour ses compétences de dev “senior” tout de même !En fait : il est plus important de faire attention au portfolio du No-codeur que vous choisissez et à sa manière de communiquer qu’à son ancienneté. Certes, avoir fait du Bubble pendant 3 ans c’est mieux qu’en avoir fait pendant 3 mois, mais ça ne justifie pas des prix faramineux.Le No-code étant à priori à la portée de tous, une personne qui s’y est mis à fond il y a 1 an pourrait tout à fait vous convenir, ça dépend de la complexité de votre projet

🙌 Conseils pratiques

Voici donc quelques conseils pour éviter les pièges et avancer plus sereinement :

💰💰 Tarification et contrats
  • Connaître les prix justes : Un TJM acceptable pour un No-codeur se situe entre 200 et 400 euros par jour. Les agences françaises facturent généralement dans les 600€ HT. Les devs offshore sur Fiverr ou Upwork facturent entre 20 et 40€ de l’heure (donc minimum 150€ par jour mais ceux qui ont le plus d’expérience - et de commentaires positifs - sont de fait autour de 300€, qu’importe le pays d’où ils viennent car les prix ont été calés sur le marché européen).Si une agence vous propose entre 600 et 800€ par jour, c’est de l’arnaque.Soyez attentif(ve) et comparez les prix du marché.</aside>
  • ⚠️ Lire les CGV en entier : Ça peut sembler fastidieux, mais lisez chaque ligne des conditions générales de vente (CGV), même si ça fait 15 pages. Surlignez les passages importants ou ceux que vous ne comprenez pas. Si il faut, utilisez l’I.A pour vous aider à repérer les passages importants (mais rien ne vaut vos yeux et votre intelligence).
  • ⚠️⚠️ Vérifiez que le devis est en accord avec les CGV : Assurez-vous que les conditions sur le devis ne contredisent pas les CGV. J’avais pris la précaution de lire les CGV de l’agence en entier…. au final je n’avais pas réalisé l’importance de la phrase “sous réserve des modalités indiquées sur le devis” !! Le devis que j’avais signé indiquait des modalités différentes des CGV et le le patron de l’agence s’est protégé grâce à ça. Ne vous faites pas avoir.
  • ⭐ Traces écrites : Une promesse faite par visio ou par téléphone n’a aucune valeur. Si une agence vous promet si ou ça, demandez-lui de le mettre par écrit.
🔔 Relations et collaboration
  • 📍Demandez des recommandations : Utilisez votre réseau. Les recommandations directes de gens que vous connaissez valent plus que des commentaires en ligne. Les agences ou freelances sont souvent plus sérieux quand ils savent que vous êtes recommandé par quelqu’un de confiance.
🔔 Gestion de projet et compétences techniques
  • Exiger une estimation du temps de travail : Un freelance sérieux doit pouvoir vous donner une estimation pour chaque tâche. Une tâche simple ne devrait pas prendre une journée entière. Cela vous aide à anticiper les coûts.
  • 🎯 Demander une date de livraison approximative : Si personne ne vous donne de délai, c’est mauvais signe. Demandez une estimation, même vague, et par écrit !. Sinon, rien ne les empêche de traîner pendant des mois sans aucun résultat.
  • 🎯 Insistez pour que le développement soit fait en anglais : Disons que vous choisissez une agence française ou un freelance français : demander à ce que votre projet soit developpé en anglais. Déjà parce que c’est la langue de la programmation, c’est comme ça. Ensuite, si vous devez collaborer avec des développeurs offshore plus tard, il pourra reprendre votre projet. Alors que si toute votre app est en français, vous serez coincés.
🔔 Auto-formation et compétences techniques
  • ⭐ S’auto-former avant de se lancer : Se former au No-code, même si on n’a pas l’intention de developper son propre produit, c’est toujours utile. Ça permet de comprendre son produit en profondeur, d’être moins dépendant d’un dev pour changer des petites choses, de comprendre ce qui prend du temps ou pas et éviter les arnaques.Il existe des plateformes comme Udemy qui offrent des formations très abordables sur le No-code (entre 20 et 60€). Cela vaut le coup d'investir quelques dizaines d'euros pour comprendre les bases et voir si c’est fait pour nous avant de dépenser des milliers d’euros dans des formations professionnalisantes (qui parfois peuvent être prises en partie en charge par votre CPF certes). Franchement, la qualité des formations sur Udemy n’est pas mal du tout. Si vous parlez anglais vous aurez plus de choix, mais en français aussi il y a des choses à voir. Bien sûr, il y a aussi des vidéos gratuites sur Youtube, c’est bien pour tester le No-code mais ce ne sera pas des cours bien organisés comme sur Udemy.
  • No-codeur vs dev Full-stack : Le No-code est accessible à tous, c’est d’ailleurs ce qui le rend intéressant. Cela dit, une personne avec une formation en développement classique (Front-end, Back-end ou Full-stack) aura parfois une compréhension plus profonde des concepts sous-jacents aux outils No-code, qui suivent des principes similaires à la programmation traditionnelle (comme l’utilisation de conditions). Si un No-codeur a un passé de développeur classique, ça peut être un atout, notamment pour aborder des projets complexes avec une vision technique aboutie. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’un No-codeur sans cette expérience est moins compétent : tout dépend du projet et des besoins spécifiques.

Conclusion

Vous avez tout lu ? Franchement, bravo :p

J'espère que mes conseils vous éviteront quelques pièges et vous permettront d'avancer plus sereinement vers la réussite.

Si on devait résumer en quelques mots :

Lancer un MVP en No-code, c’est une aventure à la fois excitante et remplie de défis. C’est une étape cruciale où chaque décision, que ce soit le choix de l’agence ou la gestion des coûts, peut avoir un impact énorme sur le succès de votre projet. En tant que solo-entrepreneuse, j’ai compris qu’il est tentant de foncer tête baissée, mais il est essentiel de prendre du recul, de se protéger, et de ne jamais négliger les signaux d’alerte.

Mon avis, après avoir vécu tout ça ?

Il n’est pas nécessaire de passer par une agence pour développer votre produit. Le plus utile chez une agence, c’est souvent la phase de cadrage (parcours utilisateur, cahier des charges, etc.). Une fois ces documents en main, vous pouvez très bien transmettre votre projet à un développeur de confiance et avancer sereinement.

Quelle que soit l’option que vous choisissez, n’oubliez pas que votre MVP est une première étape.

Quelques derniers conseils à retenir :

  • 📍Se former prend du temps, il ne faut pas être pressé si vous choisissez cette voie. Mais formez-vous un minimum : Comprendre les bases du No-code vous aidera à éviter les arnaques et à mieux communiquer avec les développeurs.
  • Passer par une agence n’est pas toujours synonyme de qualité, et les coûts peuvent rapidement devenir exorbitants, c’est surtout la phase de cadrage qui peut vous être utile.
  • 🙌 Freelance français ou francophone : si vous en rencontrez un bon à un tarif abordable, c’est souvent la meilleure option !
  • Freelance offshore : plus accessible (et encore, les tarifs tendent à s’uniformiser dans le monde), et il peut y avoir des problèmes de communication.
  • Soyez vigilant(e) sur les engagements : Délais, coûts et qualité doivent être clairement définis dès le départ.
  • 💛 Faites-vous confiance : Si quelque chose vous semble bizarre, que ce soit avec un freelance ou une agence, suivez votre instinct !

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